Article – Nympho ou libido-zéro?

fille nymphomane

Lady Gaga change de partenaire plus vite que son ombre, Britney Spears se drapait dans sa pseudo-virginité. Mais les bêtes de sexe et les chastes gardiennes de l’Amour en viennent souvent à se poser la même question: suis-je normale, docteur?

 

Dans l’éternel fantasme masculin, la nymphomane est cette femme insatiable au lit dont la curiosité sexuelle ne connaît aucun frein. Elle a visité tous les sex-shops, elle aime les rencontres coquines à 2 à 3, a tout essayé, des boules chinoises aux vibrateurs multi-fonctionnels. Ses tiroirs regorgent de lingerie affriolante, elle appelle par son prénom le propriétaire d’El Bolero et compte plus d’amants à son actif que Michael Jackson, de chirurgies plastiques. C’est la vraie scoute de la sexualité: toujours prête! Mais la médaille a son revers, car cette dévoreuse d’hommes, qui privilégie la quantité, se montre peu regardante sur la qualité.

 

Selon le Larousse médical, la nymphomanie est un désir sexuel compulsif et se caractérise par une recherche impérieuse d’expériences sexuelles laissant la femme généralement insatisfaite. «Le besoin que ces femmes cherchent à combler est parfois mal identifié. Elles croient qu’il s’agit de pulsions sexuelles, mais c’est en fait souvent la compensation d’un besoin affectif», explique le sexologue François Gastonguay. Éva, une éducatrice de 31 ans, a vécu une période de ce genre. «Je menais littéralement une double vie: mon travail le jour, les bars la nuit. Je vivais très mal ces désirs compulsifs; j’en souffrais même tellement que j’ai commencé une psychothérapie qui m’a fait prendre conscience de ma dépendance affective. En fait, j’étais affamée de l’amour dont j’avais été privée dans mon enfance.»

 

Où est passé mon désir pour le sexe?

Côté «libido-zéro», la définition est plus évidente. Les amoureuses platoniques prônent le retour du romantisme et se méfient des hommes trop entreprenants. Si elles ont ouvert le Kama Sutra, c’est uniquement parce qu’elles croyaient y trouver une nouvelle philosophie hindoue qui enrichirait leur vie spirituelle. Leur mantra: «Y a pas que le sexe dans la vie!» Et ne vous fiez pas aux apparences… On donnerait sans conteste à Caroline la palme de la bombe sexuelle. Pourtant, cette blonde pulpeuse et sexy de 34 ans, dont le pantalon taille basse laisse deviner un coquin tanga rouge, se classe elle-même sans l’ombre d’une hésitation parmi les «libido-zéro». Serveuse de nuit dans un club de danseuses nues, elle en voit de toutes les couleurs. «J’avoue que, lorsque je rentre chez moi, j’ai eu mon quota de mâles en rut. Je n’ai plus le goût de faire l’amour avec mon mec, j’ai juste besoin d’affection.» Selon François Gastonguay, les femmes sont nombreuses à consulter un psy pour des pannes de désir. Après la grossesse, les nouvelles mamans perdent par exemple souvent leur appétit sexuel pendant quelques mois. Leur désir est freiné par la fatigue, les séquelles physiques laissées par l’accouchement ou leur investissement total dans leur enfant.

 

Il y a aussi celles que le sexe pour le sexe n’intéresse pas. «Je suis célibataire depuis un an, confie Anne, 29 ans. Au début, le sexe me manquait, mais, avec le temps, on s’y fait et on n’y pense plus. Je n’ai pas envie d’une histoire d’un soir. Quand je serai de nouveau amoureuse, on verra. En attendant, c’est surtout l’affection, la tendresse qui me manquent…» Les déceptions sexuelles à répétition sapent également le désir. Jennifer, 24 ans, a encore envie de faire l’amour, mais pas avec son conjoint, trop expéditif à son goût. «Je crains toujours d’être déçue, alors je préfère prétexter la fatigue.» Les «libido-zéro» sont plus nombreuses qu’on ne le pense, mais elles ne le crient pas sur les toits. Si la chasteté féminine a longtemps été valorisée, elle est aujourd’hui davantage considérée comme une anomalie. À notre époque où triomphe l’hédonisme, les nymphomanes façon Sex and the City occupent le devant de la scène dans les médias.

 

Je suis nympho et j’assume!

fille nymphoGeneviève, belle comptable de 25 ans, n’a rien à envier aux quatre copines de la célèbre série: pas moins de 65 amants sur sa liste rose! S’y trouvent également deux femmes. «Je ne sais pas dire non! J’aime le sexe, les rencontres sexy, le cul, un point c’est tout. J’ai eu quelques désillusions; les gars ne veulent pas d’une fille aussi ouverte comme blonde. Avec le temps, je me suis fait une carapace et, maintenant, c’est moi qui mène le jeu.» Ce n’est pourtant pas le nombre d’amants ou la fréquence des relations sexuelles qui détermine la nymphomanie, mais plutôt le jugement de valeur qu’on porte sur soi – et que les autres portent sur nous. Cynthia, 20 ans, se considère comme nymphomane, car elle ne peut pas se contenter de son amoureux. Si elle doit passer quelques jours sans le voir, elle téléphone à l’un de ses huit autres amants pour une chaude nuit. «J’ai toujours besoin d’avoir un homme dans mes bras, et surtout de me sentir désirée. Je ne suis pas fière de ce que je fais, mais je ne peux pas m’en empêcher!»

 

La «libido-zéro», quant à elle, prend très rarement l’initiative des relations sexuelles. «Quand j’étais dans la vingtaine, j’étais très chaude, j’avais beaucoup d’amants, raconte Élaine, 32 ans. Mais, depuis la naissance de mes enfants, mon rapport à la sexualité a beaucoup changé. C’est devenu quelque chose de plus «impliquant». Le prochain homme qui me touchera sera celui avec qui j’aurai envie de faire un bon bout de chemin.»

 

Il n’y a pas de sismographe du désir pour nous indiquer si celui-ci est, oui ou non, d’une intensité normale. L’important, c’est d’être à l’aise avec sa libido. «Il ne faut pas oublier que le désir du sexe est cyclique. Parfois, il occupe beaucoup nos pensées, et, à d’autres périodes, on y pense moins, voire plus du tout», souligne François Gastonguay. Des circonstances particulières (du stress au travail, un chagrin d’amour…) refroidissent parfois temporairement les plus ardentes d’entre nous. Cependant, si ce manque d’appétit sexuel se prolonge, il peut être utile de consulter un sexologue. L’important est alors de le faire pour soi, et non pour son partenaire…

 

Encore aujourd’hui, à nombre égal d’aventures, un homme sera considéré comme un tombeur et une femme, comme une fille facile (pour ne pas utiliser de qualificatifs plus crus). Quant au mâle sans libido, il aurait récemment fait son apparition. Les femmes sont de plus en plus nombreuses à se plaindre du fait que leur valeureux étalon s’est transformé en «patate de salon». Mais chut! C’est encore tabou…