Passé la folle jeunesse et ses ardeurs, le désir sexuel s’assagirait au point de s’éteindre petit à petit. En d’autres mots, on baiserait moins allègrement à 50 ans qu’à 25. Vraiment? Ne peut-on pas plutôt espérer monter au septième ciel jusqu’au jour où on y emménagera définitivement? Pourquoi pas? Il s’agirait tout bonnement d’une question d’adaptation.
Avec le temps (en d’autres mots, avec l’âge!), tout change… La vie sexuelle n’échappe pas à la règle! La libido est associée au plaisir, à la jeunesse, et l’on voudrait que, ça aussi, ça tienne le coup le plus longtemps possible. Mais comment garder sa libido intacte et en tirer satisfaction? À l’aide de vibromasseurs et d’autres gadgets? Grâce au Viagra? En changeant de partenaire? La chose est trop personnelle pour qu’il soit possible de trouver une panacée… Mais en faisant le tour des recherches effectuées sur la question, on peut tout de même dégager les cinq grandes clés du succès dans ce domaine.
Pensez hormones
Inéluctable réalité: avec l’âge, la production d’hormones associées à la sexualité diminue. Résultat: une baisse du désir et une réponse sexuelle moins rapide qu’avant. Que faire? Déprimer? Mais non! Pour la femme, l’hormonothérapie (œstrogène, progestérone) pallie ces déficiences hormonales. Ne vous laissez pas décourager par les débuts parfois pénibles du traitement. «Les femmes doivent trouver un médecin qui est à l’aise avec les traitements hormonaux et qui sera capable d’ajuster le dosage pour qu’elles se sentent bien», conseille la Dre Michèle Moreau, spécialiste de la ménopause.
Celles qui ne veulent pas prendre d’hormones peuvent préserver leur santé vaginale avec des médicaments locaux à insérer dans le vagin: des crèmes, des comprimés et même un anneau qui libèrent de l’œstrogène bénéfique aux tissus mais qui ne passe pas dans le sang.
Quant aux hommes, la baisse de la testostérone est très graduelle pour environ la moitié d’entre eux et, par conséquent, moins incommodante que les changements vécus par les femmes. Pour l’autre moitié cependant, elle chute assez brutalement, ce qui entraîne des symptômes semblables à ceux de la ménopause. Malheureusement, la testostérone est encore peu prescrite aux hommes. Ceux qui en ressentent le besoin ne devraient cependant pas hésiter à en parler à leur médecin.
Certaines femmes en panne de désir pourraient elles aussi bénéficier d’un apport de testostérone. Pour l’instant, le seul moyen de l’administrer est par injection intramusculaire. Mais, en mai dernier, Proctor & Gamble rendait publics les résultats d’une étude sur le port d’un timbre de testostérone chez des femmes qui, à la suite d’une ménopause artificielle, souffraient d’une baisse de libido. Le timbre a augmenté de 74 % la fréquence des relations sexuelles satisfaisantes et de 56 % le désir sexuel. À suivre.
Ah! ces hormones!
Œstrogène et testostérone nous mènent par le bout du nez! «On sait depuis des décennies que la testostérone est l’hormone associée au désir sexuel, aussi bien chez la femme que chez l’homme, explique la Dre Michèle Moreau, spécialiste de la ménopause. Quant à l’œstrogène, il joue un rôle dans la santé vaginale. La baisse d’œstrogène peut être à l’origine de symptômes physiques désagréables, comme la fatigue.» Dès notre jeunesse, la production de ces hormones diminue graduellement; cette baisse s’accélère à la ménopause et, chez l’homme, vers la cinquantaine.
Naturellement, notre sexualité s’en ressent. D’abord, le désir, en manque de testostérone, décroît. Ensuite, la génitalité se transforme. L’homme voit ses érections se modifier. Il ne bande plus aussi rapidement, aussi facilement, aussi vigoureusement. Il perd son érection plus vite et a besoin d’un délai plus long avant d’en avoir une autre. L’orgasme et l’éjaculation se font également plus ardus, plus lents, moins forts. Chez la femme, les parois du vagin deviennent plus minces, moins élastiques, la lubrification diminue, l’utérus s’atrophie, les lèvres externes s’amincissent, les lèvres internes sont moins sensibles. L’orgasme est moins intense et, parfois, plus difficile à atteindre. Il arrive que tous ces changements entraînent une douleur à la pénétration, rendant celle-ci impossible. On connaît bien les autres symptômes de la ménopause: fatigue, irritabilité, bouffées de chaleur, etc. Moins connue mais de plus en plus documentée, l’andropause joue aussi sur l’énergie et les nerfs de l’homme.
Aimez-vous en dehors du lit!
Carole et Jean ont passé de bien mauvais moments – perte d’emploi, vente obligée de leur maison, problèmes avec les enfants – qui ont malmené leur relation. La liste de leurs frustrations est longue. Ils ont de la difficulté à se parler, alors, faire l’amour… Ce que les spécialistes appellent dans leur jargon les «facteurs relationnels» jouent un rôle déterminant dans la santé sexuelle, et plus encore quand on vieillit. À 20 ans, on peut baiser même quand on est de mauvais poil parce que les hormones «parlent» fort. À 50 ans, oubliez ça! Peut-être parce que la ménopause ou l’andropause nous rendent plus intolérants qu’avant. Peut-être parce qu’on prend conscience qu’on dispose de moins de temps, et qu’on désire en profiter le plus agréablement possible!
«On ne peut pas réduire la sexualité à une question d’hormones, souligne la Dre Michèle Moreau. Dans le cadre d’une étude, on a interrogé des femmes qui éprouvaient des troubles du désir, et pour 24 % d’entre elles, ces problèmes étaient non pas liés à leur excitation sexuelle mais bien à des facteurs relationnels et à leur insatisfaction existentielle.» Selon le psychologue François St Père, les couples qui s’apprécient mutuellement et se le disent ont de meilleurs rapports sexuels que les autres.
«Les études montrent que ceux qui continuent d’avoir une vie sexuelle heureuse en vieillissant sont ceux qui ont établi une bonne intimité dans le couple, rapporte la sexologue Louise-Andrée Saulnier. Et qu’est-ce que l’intimité? C’est se révéler et se dévoiler.» Bref, une sexualité heureuse, ça se travaille de l’intérieur, du cœur vers le sexe, de l’intimité vers le désir.
Réinventez votre sexualité!
Les hormones, on l’a vu, influent sur notre désir, notre corps, notre façon de réagir sur le plan sexuel. «Le cycle de la réponse sexuelle obéit au rythme de la vie, affirme Louise-Andrée Saulnier. Quand on vieillit, on fait les choses plus lentement. On digère plus lentement, on pense un peu moins vite, toutes nos fonctions ralentissent graduellement, et la réponse sexuelle aussi. Pour savourer sa vie sexuelle, il faut être attentif à ces changements et se donner du temps.»
«Il s’agit de porter attention aux réactions de son partenaire sur le plan sexuel, renchérit le psychologue François St Père. Il faut chercher à lui faire plaisir, ne pas tomber dans le piège de croire qu’on le connaît bien et qu’il n’y a rien à changer.» Ce qui plaisait avant ne plaît peut-être plus autant, ce qui fonctionnait marche moins bien… Physiquement, l’homme a besoin de plus de stimulation pour atteindre et maintenir une érection, la femme de davantage de préliminaires pour devenir lubrifiée et excitée. Comme le corps et la réponse sexuelle changent, il se peut que les habitudes ne conviennent plus. Dans le fond, tout ça est plutôt stimulant: c’est comme venir tout juste de se rencontrer, et découvrir comment faire l’amour ensemble.
Attention: le fait que la réponse sexuelle soit plus lente occasionne souvent ce qu’on appelle l’anxiété de performance, «qui est tout à fait incompatible avec le fait de se laisser aller et d’avoir du plaisir», souligne François St Père. Il faut prendre le temps de redécouvrir son corps et le corps de l’autre, et se donner le droit de ne pas toujours réussir du premier coup. Il faut aussi avoir le courage de reconnaître devant notre partenaire que notre sexualité est en mutation et qu’il nous faut refaire nos classes. «S’adapter est le mot-clé de cette période, commente Louise-Andrée Saulnier. C’est une nécessité. Si on ne s’adapte pas à cette nouvelle réponse sexuelle, à un corps, à des désirs, à des fantasmes qui changent, on risque de se créer des problèmes et de gâcher sa sexualité. Il ne faut pas vouloir retrouver ce qu’on avait avant. Par contre, on peut mettre en place autre chose de tout aussi satisfaisant.»
Philippe et Constance ont ainsi appris à composer avec leur nouvelle réalité sexuelle. Philippe n’a plus que très rarement une érection. C’est venu graduellement. «Je vieillis», se disait-il au début. Mais, avec le temps, il a paniqué. «Je n’avais pas encore 60 ans et j’aimais ma femme – je l’aime toujours! Et puis, le sexe, pour un homme, c’est important! Pour nous, pas de sexe, pas de vie!» Philippe n’est pas le seul à croire, primo, que la vie sans sexe est impensable, secundo, que relation sexuelle égale pénétration. «Je me suis précipité chez mon médecin, qui m’a prescrit du Viagra. Une bien belle invention!»
Pendant quelques mois, Philippe et Constance ont craqué pour le sildénafil. Et puis, une sorte de malaise s’est installé. Un malaise qu’eux-mêmes ne cernent pas très bien. «Les premiers temps, c’était trippant, dit Philippe, puis ça l’a été de moins en moins, je ne sais pas pourquoi.» Toujours est-il que le Viagra a pris le bord! Font-ils encore l’amour? Oui: caresses buccales, manuelles. Bref, ils font l’amour autrement. Parfois, il y a pénétration, parfois non. Mais il y a toujours de la tendresse et des caresses.
Prenez la vie du bon côté!
Il n’y a pas que nos rencontres sexy de couple, les hormones et l’âge qui ont une influence sur notre libido. Le plaisir qu’on a dans la vie en général déteint sur celui qu’on a au lit. Au nombre des facteurs les plus négatifs, mentionnons les frustrations au travail et les problèmes familiaux. C’est ce qui est arrivé à Sonia, 48 ans. «J’ai toujours été plutôt chaude mais, vers 40 ans, j’ai commencé à avoir de moins en moins le goût.»
Sonia a un travail prestigieux mais exigeant! Elle dirige la section «Vie pratique» d’une maison d’édition. «Moi, les livres de recettes et de jardinage, ça me laisse froide. Je rêve de m’occuper de la section « Fiction ». J’en ai la compétence, d’ailleurs. Mais quand le poste est devenu vacant, quelqu’un d’autre a été nommé. J’ai mis du temps à comprendre que cette déception majeure et les frustrations quotidiennes d’un travail qui ne m’intéressait pas influençaient ma vie sexuelle. Mon conjoint, lui, s’en rendait compte! Il a été merveilleusement patient.» Avec son aide, Sonia a compris que son travail minait sa vie et dressait une barrière entre elle et sa capacité à avoir du plaisir. Elle a fini par faire la paix avec les mauvais côtés de son emploi et à donner la priorité à sa vie privée et aux joies qu’elle lui apporte. Si vous aussi butez sur de tels obstacles ou si votre vie vous frustre, n’hésitez pas à consulter un psychologue.
Soignez votre corps
Un corps en santé répond plus à l’appel du sexe! Faut-il le répéter? L’hygiène de vie, c’est-à-dire manger sainement et faire de l’exercice, est essentielle à toute forme de bien-être, y compris à la libido. En plus, cela aide à avoir une meilleure image de soi et de ce corps vieillissant qui n’a plus le look qu’il avait à 20 ans! Oui, on a le droit de vieillir, de mollir, de perdre ses cheveux, d’avoir des rides. Mais ce n’est pas un prétexte pour se négliger. Si on veut rester désiré, il faut rester désirable. D’où l’importance de soigner son apparence, sans obsession, mais par respect pour soi et pour l’autre.
«Le désintérêt à l’égard de la sexualité en général n’est pas la même chose que le désintérêt pour une personne en particulier, précise Louise-Andrée Saulnier. Certains éprouvent encore du désir, mais pas nécessairement pour leur partenaire actuel.» C’est le cas de Paul. Le corps de sa femme a changé à tel point qu’il n’a plus aucun appétit pour elle, bien qu’il l’aime et qu’elle soit précieuse à ses yeux. Même en puisant dans sa panoplie de fantasmes, il ne bande plus. «Il s’agit d’une question extrêmement délicate et difficile à aborder pour un couple», déclare François St Père. Cependant, si la survie de la relation en dépend, on doit trouver le courage et les mots pour en parler.
Prendre soin de son corps, c’est aussi lui accorder du repos, une chose qu’on néglige parfois. Combien d’entre nous rognent sur les heures de sommeil pour arriver à tout faire! Pourtant, le pire – et probablement le plus fréquent – ennemi du désir est la fatigue. «Je n’avais jamais envie de faire l’amour, raconte Aline. C’était devenu un gros problème entre nous. À force d’essayer de comprendre pourquoi, je me suis rendu compte que j’étais trop fatiguée pour me lancer dans une relation sexuelle.» Elle et son conjoint ont cherché une solution, essayé ceci et cela. Finalement, ils ont décidé de faire pour leurs relations sexuelles ce qu’ils faisaient avec tant d’autres aspects de leur vie: planifier. Aline, sachant qu’ils vont faire l’amour disons le samedi, prend soin de se détendre et de souffler au cours des quelques jours qui précèdent. Et ça marche!
Tout cela prend du temps, pensez-vous. En effet. Mais, comme le dit Louise-Andrée Saulnier: «En vieillissant, le temps devient la matière première de l’amour.»
Quand c’est la faute…
… des hormones
Si votre libido ne répond plus et que vous ne pouvez imputer cette panne à des problèmes de couple, à des frustrations professionnelles, ou encore à des troubles physiques, comme la fatigue, ou psychologiques, comme le stress, pensez à consulter un médecin. Il se peut que vous soyez en manque d’hormones. Sans doute pourriez-vous bénéficier d’un apport hormonal.
… de l’amour
Rappelez-vous les débuts de votre relation amoureuse, le moment où le désir était à son apogée: vous vous intéressiez à ce que votre nouvelle flamme faisait, vous vous faisiez beau (ou belle) pour elle, vous vous complimentiez et aviez de petites attentions l’un pour l’autre. Renouez avec ces comportements, car ils sont l’oxygène du désir.
… du sexe
Votre corps et sa façon de réagir sexuellement vont changer. Prenez le temps de vous adapter ensemble à cette nouvelle réalité: parlez-en en couple, expérimentez et renseignez-vous (livres ou Internet).
… de la tête
Si vous vous sentez mal dans votre peau, dans votre travail ou dans votre vie, votre sexualité en souffrira. Essayez de retrouver votre bien-être, quitte à consulter un psychologue au besoin.
… du corps
Optez pour une vie saine (alimentation équilibrée, exercice, repos). Un corps en bonne santé est plus apte à ressentir du désir et à atteindre l’orgasme. Et conservez votre coquetterie: une personne négligée n’a rien d’excitant.